Une passion née d’un rêve d’indépendance

Valérie Fortier, Centre-du-Québec

Texte de Caroline Cyr, chargée de programme, marketing, Agricultrices du Québec

« J’ai toujours aimé bouger, être dehors et relever des défis. L’agriculture, c’est parfait pour ça, même si chaque jour apporte son lot d’imprévus », raconte Valérie Fortier, productrice laitière et de grandes cultures à Saint-Valère, au Centre-du-Québec. Elle gère aujourd’hui une ferme laitière avec 65 kilos de quota et cultive 210 acres de foin, maïs et avoine. Dès son plus jeune âge, Valérie savait qu’elle voulait être sa propre patronne. Inspirée par l’horaire flexible de son père, elle a toujours été attirée par les animaux et les grands espaces, une passion qui l’a guidée tout au long de son parcours.

Après des études collégiales en gestion et exploitation d’entreprise agricole, Valérie a d’abord travaillé ailleurs avant de revenir sur la ferme familiale. À l’époque, ses parents étaient séparés depuis plusieurs années, mais sa mère avait conservé une partie des parts. Valérie a dû négocier pendant trois ans l’achat de ces parts pour respecter l’équité entre les enfants. « Ma mère voulait que ce soit équitable pour tous ses enfants, elle ne voulait pas me vendre à rabais. » Aujourd’hui, Valérie détient 71 % de l’entreprise, mais elle collabore toujours étroitement avec son père, qui, à 68 ans, continue de s’impliquer. « Tant qu’il est en forme et qu’il aime ça, je suis contente de le voir contribuer », confie-t-elle.

Concilier famille, ferme et leadership

Mère monoparentale de trois enfants, Valérie apprécie la flexibilité que lui offre l’agriculture pour concilier sa vie familiale et professionnelle. « J’aime pouvoir être là pour eux, aller à leurs matchs de soccer ou leur apporter un lunch oublié », explique-t-elle. Ses enfants, aujourd’hui adolescents, ont chacun des responsabilités sur la ferme, contribuant en échange de certains privilèges. Si aucun ne se sent encore prêt à prendre la relève, elle espère que l’un d’eux ou une personne de confiance poursuivra l’aventure familiale. « Je veux qu’ils en aient envie, pas qu’ils se sentent obligés. »

Son engagement envers la relève agricole va au-delà de sa propre famille. Depuis 2007, Valérie est active dans les organisations agricoles, notamment au sein des Producteurs de lait du Centre-du-Québec, de son syndicat local de l’UPA et des Agricultrices du Québec et de sa région. Elle s’est impliquée pour faire entendre la voix des jeunes producteurs et contribuer aux décisions qui les concernent. « Chialer dans son coin ne sert à rien. Il faut participer pour faire bouger les choses », affirme-t-elle.

Le bonheur de faire la différence

Pour Valérie, son engagement syndical est une source de fierté. « Quand je contribue à une décision ou fais adopter une résolution, c’est une fierté ! », mentionne celle qui est aujourd’hui présidente des Agricultrices du Québec. Elle espère inspirer d’autres femmes à prendre leur place dans ce milieu, malgré les défis que cela implique. « Chaque petit changement est un pas dans la bonne direction », conclut-elle avec optimisme.

En parallèle de ses responsabilités familiales, agricoles et syndicales, Valérie s’accorde du temps pour elle. « Faire du sport, c’est ma libération mentale. Ça me permet de ne pas penser à mes dossiers et de me retrouver. » Elle estime qu’il est essentiel de prendre soin de soi pour être une meilleure mère, entrepreneure et leader. « La personne la plus importante dans notre vie, c’est nous. Si on se perd, tout le reste en souffre. »

Ce texte a été publié dans le bulletin Femmes de tête, Femmes de terre, Volume 2, Numéro 2, Décembre 2024.